Un double squeeze type C1 joué par J.C Quantin

Un petit commentaire pour commencer

Cette donne a été jouée lors d’un match international par notre champion Jean-Cristophe Quantin. Je ne sais pas quel raisonnement il a suivi pour l’analyser. Toujours est-il qu’il a réussi un grand chelem très tendu, sur un double squeeze.

Je vais vous montrer comment on peut analyser cette donne assez simplement en suivant ma méthode.

Voici la donne

Un double squeeze : Image de la donne

J.C. Quantin est en Sud et joue le contrat de 7.

Entame : 4 de ♠

1ère levée : 3 en Nord, 10 en Est et As en Sud.

On fait les comptes des levées :
2 ♠, 2 , 2 , et 6 à en trouvant la Dame.

Il manque 1 levée.

Sur un grand chelem, quand on n’a pas une entame évidente, il faut entamer aussi neutre que possible : le ♠ en Ouest doit être plutôt long avec probablement au moins 1 honneur.

Analyse de la situation

On voit qu’il est nécessaire de prendre la Dame de , et qu’ensuite on trouve la levée manquante en coupant le 3ème de la main courte.
On commence donc par jouer , ce qui a été fait à la table.
Là on a une bonne et une mauvaise nouvelle : Sur le 2 de , Ouest défausse le 4 de !
La bonne nouvelle c’est qu’on va prendre la Dame de en faisant 2 fois l’impasse ; mais la mauvaise c’est qu’on ne peut plus couper le 3ème . Misère !

Quand il manque une levée on doit toujours penser à un squeeze. Cependant, à ce stade on n’a pas assez d’éléments pour choisir vers quel squeeze il faudrait s’orienter : un squeeze simple contre Ouest ou un double squeeze ?

Les 6 premières levées

N E S O
3♠ 10♠ A♠ 4♠
R 5 2 4
4 8 10 5
R 3 8 2
7 9 V 2♠
7♠ D A 6♠

On peut sans risque continuer à purger les en utilisant une fois pour remonter au mort. Cela permet en même temps de voir les défausses d’Ouest.
Au total sur les 6 premières levées Ouest a montré 3 ♠ et 2 , ce qui conforte l’idée qu’il est long à ♠ et que Est peut tout à fait être singleton à ♠.

On opte pour un double squeeze

Si Ouest a 6 il peut y avoir un squeeze simple ♠/, et s’il a 5 il peut y avoir un squeeze ♠/.
Si les ou les ne sont pas distribués de cette façon il reste la possibilité d’un double squeeze. Comme il n’est pas possible à ce stade de choisir l’option « squeeze simple » on choisit de jouer le double squeeze. Notez que ça ne détruit pas l’option squeeze simple qui peut toujours être utilisée si les défausses d’Ouest donnent une indication dans ce sens.
On opte donc pour un double squeeze.

Quel double squeeze ?

La squeezante : 6 de en Sud.
Les Menaces : En Nord on a le 9 de ♠ comme Menace Gauche, et le 5 de comme Menace Droite. En Sud on a le 7 de comme Menace Commune.
Structure de la couleur Commune : En Sud la Menace Commune est accompagnée d’une gagnante « allongée », le Roi (3 cartes). En Nord il y a une gagnante « longue » (2 cartes).

On a affaire à un double squeeze C1 (voir la page « Double squeeze – une approche simple«  pour plus de détails).
Dans le cas d’un double squeeze C1 on enlève toutes les cartes maîtresses Droites et Gauches dans l’ordre qu’on veut avant de jouer la squeezante. Bien entendu il faut le faire en veillant à finir du côté de la squeezante. Ne pas se bloquer en face !

Maintenant que le schéma est clair on peut jouer pour la suite.

Cartes à surveiller : La Dame de ♠ en Ouest et le 10 de en Est. Si on ne voit ni l’une ni l’autre sur la squeezante c’est que la Menace Commune à est libérée.

On joue le double squeeze C1

La vidéo ci-contre vous montre comment ce squeeze est joué.

Conclusion

Quelle a été la première difficulté ?

Finalement pour cette donne la difficulté est de trouver quel squeeze il faut enclencher.
Souvenez-vous d’une chose : Quand vous hésitez entre trois couleurs pour choisir un squeeze simple il est quelques fois bien utile de démarrer sous la forme d’un double squeeze. Le squeeze simple apparaîtra clairement quelques fois en cours de route. C’est pourquoi il est si important de connaître comment fonctionne un double squeeze.

Je voudrais dire aussi qu’on a trop l’habitude de présenter le double squeeze sous sa forme finale alors que, quand on est devant ses cartes, c’est dès le début du jeu qu’il faut prendre ses décisions ! Il est très difficile de visualiser les 4 ou 5 dernières levées quand presque aucune carte n’a été jouée.
Or c’est la structure de départ qui est plus facile à appréhender si on a la bonne méthode. C’est par là que j’essaye d’expliquer ce qu’il faut faire. Cela suffit pour couvrir la grande majorité des doubles queezes qu’on rencontre.

Pour cette donne qu’a-t-on fait quand on a opté pour un double squeeze ?

Pas grand chose d’exceptionnel en vérité :
On a simplement regarder dans les 2 mains où se trouvaient les gagnantes de la couleur Commune, si elles étaient « longues » (2 cartes) ou « allongées (3 cartes), et si la Menace Commune était du côté de la squeezante.
En fonction de cette simple analyse, on détermine le type du double squeeze, D ou C. Si c’est un C l’analyse de la couleur Commune montre s’il s’agit d’un C2, C1 ou C1 DLG. A partir de là on sait comment enlever les cartes gagnantes accompagnant les menaces, avant de jouer la squeezante.
Pour les autres aspects du jeu de la carte c’est du domaine du bridge courant, en particulier pour ce qui concerne la façon de gérer les communications et les blocages.

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